Où va le Sionisme


Préambule

- Ce serait quelque peu présomptueux de ma part de prétendre pouvoir indiquer ou prévoir de quelles évolutions précises est susceptible le sionisme.
- Ce à quoi je peux simplement me borner c'est à exposer mon sentiment personnel sur la question, à la lumière de l'histoire de notre peuple, de sa situation actuelle et de ce que nous pouvons croire possible dans un avenir pas trop lointain.


Confiance dans les destinées du peuple juif

- On a très souvent décrit ces temps derniers les misères du peuple juif. On ne le fera d'ailleurs jamais assez. C'est un fait que les préventions se sont accrues contre nous, qu'un cercle de fer nous enserre chaque jour plus fortement comme devant finalement nous écraser et nous anéantir.
- Mais nous ne serons pas anéantis. Je crois au pacte conclu entre Dieu et les fondateurs du peuple juif; il a donné ses preuves à l'usage; nous avons survécu aux plus affreuses persécutions, au sombre moyen-âge, aux pogroms d'avant et d'après-guerre, nous vivons et nous sommes plus jeunes que jamais.
- Ceci dit, non pas pour nous endormir et chercher dans l'apathie un remède facile à nos maux, mais parce que dans la situation où nous nous trouvons, il n'est pas mauvais, parallèlement à notre action incessante, de trouver dans notre passé des raisons d'espérer en des jours meilleurs.
- N'oublions pas aussi que les maux dont souffre le peuple juif ne sont eux-mêmes que le reflet des graves crises où se débattent les nations parmi lesquelles nous vivons. Et c’est dans la mesure où ces crises diminueraient d'intensité avec, si possible, la collaboration active du peuple juif, que notre situation générale s'allégera jusqu'à devenir à peu près normale.
- Je reviendrai sur ces questions, et j'aborde sans tarder le problème du sionisme et de la Palestine inséparables eux-mêmes, d'ailleurs, du problème juif mondial.


Le peuple juif : peuple international
L'erreur des sionistes extrémistes

- La Palestine peut-elle être transformée en un Etat juif ? La Palestine peut-elle solutionner la question juive ?
- Si j‘étais révisionniste (1), je répondrais d’une manière affirmative et brève, sans réfléchir, à ces deux questions :
- Un Etat juif est nécessaire et possible sur les deux bords du Jourdain, cinq ou six millions de Juifs viendront y vivre et la question juive sera résolue.
- Mais, n’étant pas révisionniste, je ne peux malheureusement pas admettre des théories aussi simplistes qui ont contre elles l’implacable réalité de la vie.
- Si le peuple juif était massé aux abords de la Palestine; si cette même Palestine renfermait moins d'Arabes ou si elle était un peu plus vaste et plus riche, j’aurais été révisionniste, j'aurais même éventuellement commandé la marche sur la Palestine, quelque risque extérieur que cela eût comporté.
- Mais le problème ut véritablement tout autre. Qu'est-ce que le peuple juif ? — Un peuple de l6 millions d'âmes répandues sur l’univers entier, un corps étendu à la surface du globe et dont la tête se trouve en Palestine, la poitrine en Pologne, le ventre en Amérique, et le reste ailleurs, un peu partout.
- Si la plus grande partie de ces Juifs vit dans des conditions économiques ou politiques insupportables (Russie, Pologne, Allemagne, etc.), une partie non moins importante vit assez normalement et presqu'en amitié avec ses compatriotes (Angleterre. France, Amériques, etc.).
- Les Sionistes extrémistes, révisionnistes ou non, ont soutenu et soutiennent encore, je crois, que la nation juive est une, qu'elle est partout malheureuse et dans un état permanent d'insécurité parce que minorité sans patrie, qu‘il lui en faut une. la Palestine. et alors elle redeviendra normale et heureuse.
- Le sionisme présenté de cette façon est un cri de guerre, une rupture avec le monde entier; il est d'autant plus injustifié que beaucoup de peuples et d‘innombrables personnalités et groupements non-juifs nous ont donné depuis longtemps des preuves de leur confiance et de leur sympathie; il devient une aberration mentale quand on pense aux difficultés de notre installation en Palestine: l‘hostilité arabe, la protection peu sûre de l‘Angleterre, l'exiguïté et la richesse limitée du pays.


Contre le sionisme exclusif
Pour un sionisme réaliste et généreux

- Un ami, révisionniste influent de Tunisie, m‘a dit l'autre jour : « Mais vous raisonnez trop et émasculez ainsi l'Idéal ; la jeunesse a besoin d'une mystique; ou veut croire qu'on se dévoue et qu'au besoin on se sacrifierait pour quelque chose de grand et ça ne peut être que pour l’Etat juif, pour le Royaume d’Israël rétabli sur les deux rives du Jourdain ? »
- Est-ce une faiblesse chez moi et chez les camarades sionistes dont les idées se rapprochent des miennes, la mystique ne prend qu’une toute petite place dans nos conceptions ; nous réservons la plus grande au raisonnement, à la compréhension et au scrupule de ne rien faire qui puisse porter atteinte soit à notre avenir en Palestine, soit à notre position dans le monde.
- Car, nous ne séparons jamais ces deux situations qui sont également importantes pour nous.
- Dévouement, sacrifice, pour Eretz-Israël (2).
- Mais, en même temps, collaboration intime el fraternelle avec tous les peuples, pour la recherche, dans la concorde internationale, des remèdes à la crise économique, des apaisements dans le domaine politique.


Au service de la Société des Nations

- Avec le travail pour la Palestine, nous devons mettre au premier rang de notre activité, le travail pour la Société des Nations sous l’égide de laquelle le Foyer National Juif n été placé dès le début de leur commune création.
- Fondons sans tarder, dans tous les pays, dans toutes les villes, des associations pour la S.D.N., avec la collaboration des hommes et des femmes pacifistes de toutes les autres collectivités.
- Je parle sous les auspices d’une Section de l’U.U.J.J. L’U.U.J.J a inscrit dans son programme le travail pour la S.D.N. et pour la paix. Avec Edmond Fleg, je voudrais lui demander ce qu'elle a bien fait dans ce but. Et si elle n'a encore rien entrepris jusqu'ici, qu'on nous promette que dans les jours qui viennent cette grave lacune sera comblée et que, de toute notre foi, de tout notre enthousiasme, nous mènerons les batailles nécessaires pour le triomphe des principes de la S.D.N., et si possible, d’une S.D.N. rénovée, d'une véritable Société des Peuples et non des Gouvernements, suivant les dernières et fortes paroles du Président Roosevelt.


Contre les nationalismes agressifs
Pour la démocratie et la concorde internationale

- Il y a, peut-être, parmi vous, des sceptiques qui se disent probablement : Mais le conférencier retarde, nous entrons au siècle du fascisme, la S.D.N. est morte.
- D'autres diraient avec Torczyner (3) : « Des efforts totalitaires pour un sionisme totalitaire ».
- Est-il utile de répéter que je ne suis ni avec les uns, ni avec les autres.
- Nous n'avons pas à subir, nous, Juifs, les influences des autres peuples dans ce qu'elles ont de dangereux et de rétrograde.
- Hitler et sa bande ont dit que la S.D.N. est une fondation juive, que la paix est, elle-même, un article juif. Ils ont raison.
- Ils veulent mettre à bas et ruiner tout ce qui est, à leur sens, juif, c‘est-à-dire international, humain, pacifique.
- Pour eux, seuls les mots de force, gloire nationale, honneur national, avec tout ce que cela comporte d‘égoïsme et de haine, auront désormais cours.
- Devons-nous suivre leur exemple ?
- Non, nous ferons exactement le contraire.
- Quand Hitler et ses amis diront noir, nous diront blanc. Quand Ils se mettront à droite, nous nous mettrons résolument à gauche. Et si leurs mots d'ordre n'ont pas d’autre signification que de reculer, nous, nous marcherons audacieusement en avant.
- Il est heureux que nous ne soyons pas seuls de cet avis et que les événements aient placé avec nous les grandes démocraties d’Occident et une foule d'autres pays non encore contaminés par le virus hitlérien.
- C‘est un fait remarquable qu'alors que l'Allemagne quitte avec la S.D.N., croyant la ruiner, la France lui réponde fermement : « j’y reste », l'Angleterre faisant de même, et les Etats-Unis, quoique n'en faisant pas partie, rendant hautement hommage à ses bienfaits.


Il n’y a rien à « réviser »
Le sionisme officiel est dans la bonne voie

- Nous ne pouvons pas consacrer nos efforts en totalité au sionisme parce que les pays dans lesquels nous vivons et dont notre subsistance et notre tranquillité dépendent directement, dont les intérêts sont étroitement solidaires aux nôtres, ont besoin de notre concours pour le bien commun.
- Peut-être oublier, notamment, la dernière session de la S.D.N., où l'unanimité moins l‘Allemagne était expressément en faveur du peuple juif et où notre travail en Palestine, était si remarquablement apprécié ?
- Ne cessons pas de rendre hommage à la mémoire d'un Motzkin, le président plein de tact des Congrès Sionistes, qui a constamment représenté ce sionisme harmonieux de travail assidu, politique et pratique, pour la Palestine juive et pour l’amélioration de la situation du peuple juif dans le monde en accord avec la S.D.N. et ses Institutions.
- Pas de gestes sensationnels et de discours grandiloquents, copiée sur ceux des nouveaux mouvements nationalistes des autres pays et qui ne correspondent plus véritablement à la structure spirituelle et « géographique » du peuple juif.
- Le sionisme, c'est le programme de Bâle et le Congrès ; c‘est le Mandat et la S.D.N. Pas autre chose.
- J‘aime les révisionnistes pour leur attachement chaleureux à Eretz-Israël et au peuple juif, mais je désapprouve leur impatience, leurs expressions trop violentes et leur hostilité aiguë à l'égard des autres partis sionistes.
- Il y a quand même une différence fondamentale entre les révisionnistes et les sionistes de notre genre.
- Les révisionnistes veulent créer, même artificiellement, même au prix d‘aventures, quelque chose de grand, un bel et spacieux Etat juif qui corresponde logiquement aux buts intimes des sionistes et qui puisse être en mesure de résoudre convenablement la question juive.
- Les difficultés, ils veulent les ignorer, ou, tes connaissant, ils veulent les surmonter coûte que coûte.
- La mystique sioniste-révisionniste est créée.
- On donne à une jeunesse impatiente, ardente et malheureuse, un but suffisamment lumineux, non compliqué et susceptible, une fois atteint, de mettre cette jeunesse au niveau de celles des autres pays, avec une plénitude de droits sûrs et à aucun moment contestés.
- C'est beau et d'une certaine logique. je n‘en disconviens pas, cela se rapproche même des pensées initiales de Herzl exprimées dans son livre : l’Etat juif.
- Mais appliqué à la dure réalité, le programme révisionniste ne semble pas devoir donner grand ‘chose sinon des ronces. N'oublions pas que le programme initial de Herzl lui-même dût être adapté à la réalité palestinienne et mondiale et que le fondateur du sionisme politique, sans que je veuille diminuer en quoi que ce soit le prestige immense qui s'attache à son nom, n'obtint rien de positif jusqu’au dernier moment de sa vie.


Le sort du sionisme et du peuple juif
est inséparable des destins de l’humanité

- La jeunesse juive a besoin d'une mystique. Eh bien, qu'elle s'imprègne de celle-ci qui est parfaitement opposable e celle des révisionnistes :
- Croire et travailler au succès du Foyer National Juif dans le cadre de la Société der Nation;
- Croire et travailler au triomphe final des idées générales de la S.D.N. pour le raffermissement de la paix et de la confiance entre les peuples, conditions essentielles au bien-être de l’humanité toute entière, les Juifs compris.
- Si l'on trouve qu'un tel but est problématique, que l'on me permette de trouver aussi incertain le rétablissement du Royaume Juif sur les deux bords du Jourdain.
- Si l'on m'oppose que le fascisme ou l’hitlérisme gagneront bientôt toutes les parties du monde, y compris la France, l'Angleterre et l'Amérique et que les Juifs seront partout pourchassés, eh bien, je répondrais que ce serait encore la preuve que l'humanité est bien malade et qu‘elle est à la veille de graves conflagrations.
- Alors, mon Dieu, si le monde entier doit périr, pourquoi se préoccuper spécialement de notre sort, et quelle résistance pourrait offrir la très vulnérable et la très jeune Palestine Juive, même si elle était plus peuplée et plus forte, à une tourmente de ce genre.


Une Palestine sans armée

- Non, les premiers fondateurs du sionisme ne s'étaient pas trompés lorsqu‘ils voulaient un foyer national garanti par le droit international.
- Théodore Herzl et la plupart des théoriciens sionistes étaient dans la note lorsqu'ils disaient qu'Israël retournait en Palestine pour lui et pour les autres.
- Le peuple des prophètes, dispersé et souffrant, ne peut pas engendrer un nationalisme comparable à celui des autres peuples.
- Notre situation est spéciale; notre nationalisme et notre destin seront, eux aussi, différents de ceux des autres.
- Je ne m'imagine pas une Palestine juive avec marine militaire, aviation de bombardement, tanks, etc., et je ne sais pas à quoi cela servirait contre une monde d'ennemis, contre des voisins puissants et envieux.
- Il faut appeler de toute notre force le règne de la justice, et c'est à ce moment-là que les faibles que nous sommes aurons de sûres garanties.
- Il est enfantin de parler de défense en face d'adversaires nombreux et forts. Pourquoi les Juifs allemands ne se sont-ils pas défendus et que pourrait faire la très forte minorité juive de Pologne elle-même. Quant à la Palestine, il faudrait savoir combien de Juifs nous pourrions finalement y placer, Transjordanie comprise. Qu'est-ce que la Transjordanie, le grand cheval de bataille des révisionnistes.


Le mirage de la Transjordanie

- Lorsque Josué, fils de Nun, fit le partage du pays de Canaan, il plaça deux tribus et demie en Transjordanie et neuf et demie en Palestine occidentale. C'est une preuve que dans les temps anciens comme dans ceux d'aujourd'hui le pays est pauvre et ne peut subvenir aux besoins d'une forte population. Il y a, certes, de l‘espace, mais aussi beaucoup de steppes et de sable.
- Historiquement. la Transjordanie, comme d‘ailleurs la Palestine occidentale, n'appartinrent jamais entièrement aux Juifs.
- En Transjordanie. Ammon, Moab, et tant d'autres. A l‘ouest, tout le long de la côte, les fameux Philistins, la Judée n'occupant, en somme, qu'une partie de la Palestine.


Les possibilités de la Palestine

- Les révisionnistes doivent donc être modestes. Ils ne doivent jamais oublier qu'il existe près d'un million d'Arabes qui prétendent être maîtres du pays et qui s‘y trouvent dedans, qui ont aux alentours des coreligionnaires nombreux et guerroyeurs. qui sont très doués parce que respirant, comme les Juifs de là-bas, l‘air incomparable du pays choisi de Dieu...
- Dans l'éventualité la plus favorable, dix pour cent du peuple juif s'installeront en Palestine, quatre-vingt-dix pour cent resteront dispersés dans le monde.


Effets bienfaisants du sionisme

- Le sionisme ne résoudra pas matériellement la question juive, mais il produira un effet moral extrêmement puissent sur les communautés éparses.
- Le sionisme sauve le judaïsme de la débâcle, de la débâcle spirituelle qui est pire que l’oppression physique. Le peuple juif reprendra conscience de lui-même, de sa personnalité, et recevra de la Métropole retrouvée des effluves de bien-être moral qui le soutiendront dans les durs moments d'épreuve et le guideront à travers le long processus de la vie.


Une Judée autonome

- Y aura-t-il en fin de compte un Etat juif ? Je ne saurai le prédire — je ne suis pas prophète — ni surtout préciser dès à présent les frontières qu'il aura.
- Qui sait, certain plan présenté il y e quelques années par Ittamar Ben-Avi (4) et adapté aux circonstances et aux conditions démographiques du pays d'ici 20 ou 50 ans, pourrait servir de base pour la création d'une Judée autonome faisant partie ou non d'une Confédération générale arabo-juive.


L’amitié judéo-arabe

- Nous avons besoin des Arabes et les Arabes ont besoin de nous et nous ferons l‘impossible pour vivre en amitié ensemble. Nous ne nous lasserons pas le répéter, malgré les vicissitudes du moment.
- L‘industrie juive, le commerce juif, auront toujours besoin d'une clientèle nombreuse et fidèle.
- Les Arabes ne pourront que bénéficier de l‘apport luit dans tous les domaines, lequel contribuera très efficacement au réveil et à la prospérité de tout l'Orient.


Pour un sionisme unitaire — Trêve nécessaire des partis

- Ces buts, si limités qu‘ils puissent paraitre, mais restant splendides quand même, ne peuvent cependant être atteints que par l'union de toutes les forces du judaïsme et spécialement du sionisme. Les luttes de partis doivent cesser; elles sont stupides. Aucun parti sioniste, aucun sioniste, ne détient la vérité absolue, mais il y a une parcelle de vérité chez chacun. Les révisionnistes ont raison en partie, les mizrahistes aussi, les socialistes autant.
- Il faut de l'activisme politique, il faut respecter les traditions, il faut reconstruire la Palestine sur la base du travail et de la justice sociale.
- Mais rien de tout cela ne doit être le monopole d'un parti on d'un homme. Chaque sioniste doit pouvoir se dire ami de la Paix et de la S.D.N., respectueux des traditions juives, affectueux pour les travailleurs juifs et partisan de l'activité politique et pratique pour le développement du Foyer National Juif.
- S'il m'était donne de distribuer des portefeuilles aux différents chefs sionistes en vue de la constitution d‘un ministère, je nommerai Jabotinsky (5) à la Défense Nationale, Ben Gurion (6) au Travail, Rabbi Berlin (7) à l'Education.
- Je ne suis pas autant inquiet à la nouvelle d‘une agression arabe que d’apprendre que des sionistes se querellent, en Palestine on ailleurs.
- Si nous ne pouvons nous discipliner dès maintenant et nous unir pour un travail très simple et très clair, Il est inutile de pousser notre entreprise plus loin, et nous n'irons pas loin, vous le verrez.
- De toutes les critiques de l'Alliance Israélite, c'est celle-ci qui m'a le plus impressionné, à savoir que les Juifs sont incapables de s'organiser en commun et de vivre ensemble.
- J'avais toujours pensé, au contraire, que, réunis dans des conditions d'existence nationale normale, les Juifs seraient aussi disciplinés que n‘importe qui. — Est-ce impossible ? — Il appartient à la jeunesse de tous les camps de bien méditer mes paroles et savoir y répondre.
- J‘accorderais toute me fervente sympathie à la Brith-Trumpeldor (8) qui pourrait servir à son heure si, de son côté, elle reconnaissait que le seul organisme qualité pour l'organisation des travailleurs juifs est l'Histadrouth (9) et qu'il n'est nul besoin d'en créer un autre avec une mystique différente.
- Si les chefs sont incapables par passion, stupidité ou ambition, à faire la paix, que les jeunes le fassent malgré eux. SI, au contraire, les jeunes ne savent pas ce qu'ils font, que les aînés interviennent et indiquent le droit chemin.


Israël et l’humanité

- Plus qu'aucun autre peuple, nous devons chercher la route qui mène à la Paix et la suivre jusqu’au bout.
- Moins qu’aucun autre peuple, nous devons parler de force, de violence, de guerre.
- Ce sont là mœurs hitlériennes.
- Le peuple de Moise est pour la Justice, justice pour les individus, justice pour les nations.
- Le peuple des Prophètes est pour la Paix, paix intérieure et paix internationale.
- Le peuple d'Hillel et de Jésus est pour l'amour, l'amour du prochain, l'amour de l'humanité toute entière.
- Et tant que la justice, la paix, l’amour, n'auront pas régné sur terre, le peuple juif aura à travailler sans relâche pour leur avènement avec la collaboration de tous les hommes de bonne volonté.
- Mais si ces principes devaient disparaître pour faire place à je ne sais quelles doctrines de haine, d’injustice et de guerre, alors le peuple juif sombrera peut-être mais il entraînera dans sa chute l’ensemble des autres peuples.






(1) Révisionniste : Membre d’un nouveau parti sioniste créé en 1925 par Wladimir Jabotinsky et dont le but essentiel est le redressement de la propagande et de l’activité politique du sionisme, qui devront être tendues vers la réalisation véritable d’un Etat juif en Palestine.
(2) Eretz-Israël : Terre d’Israël, nom hébraïque de la Palestine.
(3) Harry Torczyner : jeune avocat sioniste belge, partisan d’un nationalisme juif exclusif.
(4) Ittamar Ben-Avi, fils du grand rénovateur de la langue hébraïque Eliezer Ben-Yéhuda, brillant journaliste palestinien. Le plan dont il est l’auteur et auquel il est fait allusion ci-dessus préconisait la création de cantons autonomes juifs et arabes en Palestine, en prenant pour base la composition ethnique actuelle des différentes régions de la Palestine.
(5) Jabotinsky : leader du parti sioniste-révisionniste dont il a été parlé d’autre part. Lieutenant de l’armée anglaise, Jabotinsky se distingua pendant la Guerre ; il combattit aux Dardanelles et en Palestine à la tête d’une Légion Juive dont il se fît et se fait encore aujourd’hui en ardent propagandiste.
(6) Ben-Gurion : leader du parti sioniste-travailliste.
(7) Rabbi Berlin : leader du parti des sioniste-mizrahistes (religieux).
(8) Brith-Trumpeldor : Formation des jeunes gardes révisionnistes. La Brith-Trumpeldor est anti-socialiste.
(9) Histadrouth : Confédération Générale du Travail Palestinienne


Conférence donnée à Sfax, le 13 janvier 1934
sous les auspices du Cercle d’Etudes de l’U. U. J. J. de cette ville
par FÉLIX BIJAOUI
Secrétaire général de l’Association Sioniste de Sousse



13 Janvier 1934
© Félix Bijaoui

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AM ISRAEL HAI
Raphaël , le 24 Novembre 2014