Un divan


Un jour un divan se vendit
C’était aux puces un lundi
Docteur Galimatias avait
Toute activité achevée.
Le divan dit où m’emm’nez-vous ?
Je suis inquiet, je vous l’avoue
Moi qui soutins toutes les névroses
Et les délires les plus grandioses,
J’aurais sans doute aussi besoin,
En quittant les puces de Saint Ouen,
De m’sentir réhabilité
Pour recouvrer toute ma santé.
Peut-être que ces années passées
A supporter ces angoissés
Ont aussi laissé quelques traces
Et fendillé ma carapace.
On l’emporta bras d’ssus, bras d’ssous,
Accoudoirs ballants telles des bajoues.
Tout à-coup lui fut épargné
Il fut restauré, étayé.
On rafistola ses deux bras,
Avec un satin d’apparat.
Mais il n’était pas beau à voir
Comme un shooté mis au purgeoir.
Une cure l’empêcha de périr
Elle finit par le guérir.
Après cette chance miraculeuse,
On l’installa chez une masseuse.
Il commença une nouvelle vie.
L’univers se circonscrivit
Aux vulgaires douleurs somatiques.
Plus de lutte intrapsychique
Plus de résistance inconsciente,
Ni révélation indécente.
Les âmes ne s’épanchaient plus,
Il n’accueillait plus que des culs,
Qui se jetaient sur son siège,
La où les patients convergent.
Finir dans une salle d’attente,
Quelle retraite bien désolante,
Pour un divan hier courtisé,
Par les freudiens fanatisés.
Notre divan passéiste
Devient quasiment autiste.
Son statut paramédical
Lui empoisonne le moral.
A moins que...l’imaginaire
Ne l’inspire et le libère.



19 Octobre 2003
© Talila Yvel

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